ven. 24 janv. 2025
Donald Trump n’a clairement pas signé de décret sur le commerce. Cela dit, il a réitéré plusieurs menaces tarifaires au cours de sa semaine d’investiture. Plus concrètement, il a annoncé la mise en place d’un droit de douane général de 25 % sur les importations mexicaines et canadiennes. Ces deux pays sont très dépendants du commerce américain et en souffriront considérablement. Mais l’économie américaine sera elle aussi gravement touchée. L’augmentation des droits de douane devrait faire grimper les prix et nuire aux dépenses de consommation. La Fed devrait réagir en interrompant son cycle d’assouplissement, en maintenant les taux plus longtemps en territoire restrictif, ce qui nuira à l’investissement. En outre, un dollar plus fort et des tarifs douaniers de rétorsion devraient nuire aux exportateurs américains. L’économie de l’UE pourrait souffrir moins pour l’instant, bien qu’elle soit toujours touchée indirectement, car les trois pays représentent près d’un tiers du PIB mondial.
Introduction
Donald Trump est entré à la Maison Blanche avec fracas. Le 45ème et 47ème président des États-Unis a signé un total de 26 décrets dès le premier jour. Ces décrets portaient sur de nombreuses promesses de campagne, telles que le renforcement de la sécurité aux frontières, le rétablissement de l’accès à TikTok, la création du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) et le départ de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’accord de Paris sur le changement climatique. Pourtant, celui que l’on appelle l’homme des tarifs a d’abord fait preuve d’une retenue notable en matière de commerce. Les tarifs douaniers n’étaient pas mentionnés dans les décrets. M. Trump s’est contenté de signer un mémorandum présidentiel demandant un examen des pratiques commerciales déloyales. Les marchés ont poussé un soupir de soulagement.
Ce soulagement a toutefois été de courte durée. Dans des discours et des interviews ultérieurs, il a réitéré plusieurs menaces de droits de douane. Il a (à nouveau) menacé d’imposer des droits de douane de 100 % aux pays du BRICS s’ils affaiblissaient le dollar. Il a également menacé la Chine de droits de douane allant jusqu’à 100 % si elle ne parvenait pas à se mettre d’accord sur le désinvestissement potentiel de TikTok et à stopper le flux de fentanyl. Il a également promis d’augmenter les droits de douane et les sanctions contre la Russie si elle ne mettait pas fin à la guerre en Ukraine. En outre, il a réitéré ses menaces de taxer les importations de l’UE si celle-ci n’achète pas davantage de produits américains (énergétiques). Il a également critiqué les excédents commerciaux de l’UE, déclarant que « l’UE est très, très mauvaise pour nous ».
Toutefois, ses menaces les plus concrètes et les plus immédiates ont été adressées à ses deux voisins et partenaires commerciaux de l’USMCA, le Mexique et le Canada. Le 1er février, M. Trump a annoncé des droits de douane de 25 % sur toutes les importations en provenance de ces deux pays. Les deux pays ont promis de prendre des mesures de rétorsion si ces droits de douane étaient appliqués.
Un impact économique important
La mise en œuvre de droits de douane aussi élevés aurait probablement des effets économiques néfastes. C’est particulièrement le cas pour le Mexique et le Canada. Ces deux pays sont très dépendants du commerce avec les États-Unis. Les exportations vers les États-Unis représentent respectivement 27,4 % et 20,6 % du PIB mexicain et canadien. Des droits de douane de cette ampleur pourraient donc déclencher une récession dans ces deux pays.
Cependant, les États-Unis risquent également d’être gravement touchés. Bien qu’environ 11 % seulement des dépenses de consommation puissent être attribuées à des biens importés, une part considérable des importations américaines provient des deux pays (23 % combinés, voir figure 1). En effet, la mise en œuvre des droits de douane de 25 % augmenterait les droits de douane moyens des États-Unis de 5,8 points de pourcentage (en supposant qu’il n’y ait pas de changement dans les flux commerciaux).
Une augmentation aussi radicale des droits de douane pourrait faire grimper les prix, car les entreprises répercuteront probablement les coûts des droits de douane sur les consommateurs. En outre, les droits de douane isoleront les producteurs américains de la concurrence, ce qui renforcera leur pouvoir de fixation des prix. La Fed réagira probablement en maintenant les taux à un niveau plus élevé pendant plus longtemps afin de repousser cette nouvelle pression inflationniste. En effet, lors de sa réunion de décembre, elle a déjà adopté un ton nettement plus hawkish, probablement en prévision de l’inflation induite par les droits de douane. Cette pression accrue sur les taux pèsera sur les investissements américains dans un avenir proche.
L’augmentation des droits de douane ne devrait pas seulement affecter les dépenses de consommation et les investissements américains, mais aussi les exportations américaines. Non seulement les exportateurs seront pénalisés par les tarifs douaniers de rétorsion, mais le dollar s’est renforcé l’année dernière en prévision des augmentations tarifaires (voir figure 2). Cela dit, les États-Unis ne sont pas très dépendants de leurs exportations. Les exportations américaines vers les pays de l’USMCA ne représentent que 2 % du PIB américain.
Impact sur l’Europe
Bien que l’Europe semble être tirée d’affaire dans cette première phase de la guerre commerciale, elle risque néanmoins d’être indirectement touchée. Les économies de l’USMCA représentent 31 % de l’économie mondiale. Un ralentissement dans ces pays risque d’avoir un effet d’entraînement dans le monde entier.
En outre, les pays de l’USMCA sont d’importants partenaires commerciaux de l’UE (voir figure 3) et l’UE sera donc touchée par le ralentissement de la croissance en Amérique du Nord. Des États membres comme l’Irlande, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne sont particulièrement exposés. Les pays du Sud et les EEC sont moins exposés.
Conclusion
La première salve de Donald Trump dans la guerre commerciale vise ses voisins directs. Si le Canada et le Mexique sont probablement ceux qui souffriront le plus de la hausse de 25 % des droits de douane, l’économie américaine sera également touchée par une inflation plus élevée, des taux d’intérêt plus élevés et une croissance plus faible. Bien que l’UE soit épargnée dans cette première phase de la guerre commerciale, elle pourrait subir des effets indirects. C’est notamment le cas des pays les plus exposés à l’USMCA, tels que l’Irlande, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne.
Source : Laurent Convent, Economist - KBC Group
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Publication : le 24 janvier 2025 à 9h22
La présente communication n’a pas été établie conformément aux dispositions relatives à la promotion de la recherche indépendante en investissement et n’est pas soumise à l’interdiction de négoce avant la diffusion de la recherche.
La Banque du Japon a bien augmenté ses taux ce matin, portant ces derniers à leur plus haut niveau depuis 17 ans, sans provoquer de turbulences sur les marchés financiers.
Hausse des taux
Il faut dire que ce n’était pas une surprise et qu’elle avait retardé cette décision d’un mois en espérant un contexte plus apaisé.
Elle a relevé son taux de 0,25 % pour le porter à 0,50 %, décision prise à 8 voix contre 1.
Le communiqué souligne que « la probabilité d’atteindre les objectifs de la BOJ s’est accrue, de nombreuses entreprises ayant déclaré qu’elles continueraient à augmenter régulièrement les salaires lors des négociations salariales annuelles de cette année. L’inflation sous-jacente se rapproche de l’objectif de 2 % de la BOJ ».
Et clairement, elle n’en restera pas là, ne modifiant pas ses orientations sur la politique future, affirmant qu’elle continuera à relever les taux d’intérêt si ses prévisions en matière d’économie et de prix se concrétisaient.
D’autant plus que dans son rapport, la BOJ prévoit maintenant que l’inflation de base atteindra 2,4 % au cours de l’exercice 2025 avant de ralentir à 2,0 % en 2026, contre un taux de 1,9 % précédemment pour les deux années.
Et que « en ce qui concerne les négociations salariales annuelles de cette année, les entreprises ont exprimé de nombreux points de vue selon lesquels elles continueront à augmenter les salaires de manière régulière », indique le rapport.
Et à propos de l’inflation, ce matin, le chiffre a été publié, un peu avant la fin de la réunion de la BOJ, affichant, pour l’indice de base, un taux annuel de 3 %, soit son niveau le plus élevé depuis 16 mois, après un taux de 2,7 % en novembre.
L’indice excluant les aliments frais et les carburants, a augmenté de 2,4 % en décembre, stable par rapport au mois passé.
Compte tenu du communiqué et des différentes données, la BOJ laisse clairement la porte ouverte à une nouvelle hausse de taux de 0,25 % encore cette année.
Et comme signalé, cette décision n’a pas provoqué la moindre tension, ni sur le Nikkei, ni sur le yen qui est resté relativement stable par rapport au dollar.
L’une l’augmente, l’autre le baisse
La Banque centrale de Turquie a abaissé pour la deuxième fois son taux directeur de 2,50 % pour le porter à 47,50 %.
Mais après ces deux baisses, elle devrait maintenir une politique monétaire stricte parce que l’inflation devrait se redresser un peu en début d’année avant de reprendre sa tendance baissière.
Malgré cette prudence et l’absence d’un assouplissement débridé, la lire reste sous pression par rapport au dollar et n’a pas encore trouvé un point de stabilisation.
Pour rester dans les décisions des Banques centrales, la Banque centrale norvégienne a, sans surprise, laissé son taux inchangé à 4,5 %, mais le moment de la première baisse approche et sera probablement au mois de mars.
Elle demeure cependant encore très prudente, car les perspectives de l’économie mondiale et norvégienne sont très incertaines, mais une augmentation rapide des coûts des entreprises risque d’attiser les pressions sur les prix.
Faillites en Belgique
Selon les chiffres publiés, hier, par Statbel, 11 067 entreprises ont été déclarées en faillite en 2024, soit une hausse de 8 % par rapport à 2023, et il s’agit du chiffre le plus élevé depuis 2013.
Dans son rapport, Statbel détaille les chiffres, en soulignant que la Région flamande a connu 6 323 faillites, soit une hausse de 7 % par rapport à 2023 qui était déjà un record depuis 2013.
En Région wallonne, les faillites ont été de 2 821, soit une hausse de 6,2 % par rapport à 2023, mais la situation n’a pas été aussi catastrophique qu’en Flandre, 2024 étant le quatrième niveau le plus élevé depuis 2013.
Pour l’ensemble de la Belgique, deux secteurs affichent des records, à savoir celui de la construction avec 2 619 faillites, soit une hausse de 17,4 % par rapport à 2023, qui était déjà un record, et les transports et entreposages avec 724 faillites, soit une hausse de 11,7 % par rapport à 2023, qui était aussi déjà un record.
Et « en ce qui concerne les pertes d’emploi, on constate que la valeur de 2024 (32 566) représente une augmentation de 18,3 % par rapport à 2023 (27 517) et est le 3ème résultat le plus élevé de ces douze dernières années derrière 2013 (36 384) et 2014 (34 065) ».
Est-ce que nos chers négociateurs ont bien pris conscience de ces chiffres, est-ce qu’ils entendent l’urgence d’avoir une feuille de route claire et balisée pour les prochaines années absolument nécessaire pour les entreprises ? Est-ce qu’ils savent que la Belgique a d’énormes défis à relever et qu’il faut agir rapidement ?
D’autant plus que la situation en zone euro n’a rien de bien engageant comme vont venir nous le rappeler les indices PMI qui seront publiés ce matin.
Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances