ven. 10 janv. 2025
Les chiffres du chômage aux Etats-Unis se sont révélés plus forts que prévu, ce qui a entraîné une hausse du dollar, mais surtout une poursuite de la remontée des taux obligataires.
Non seulement le taux de chômage est revenu à 4.1% contre 4.2%, mais les créations d’emploi ont été de 256.000 contre 160.000 attendues.
Le salaire horaire moyen a augmenté de 0.3 % le mois dernier, après avoir progressé de 0.4 % en novembre, soit un taux annuel qui s’est légèrement détendu à 3.9% contre 4%.
Il n’y a dès lors aucune raison pour la FED de se précipiter et, après ces chiffres, le marché ne table plus que sur une seule baisse des taux en juin, d’autant plus que si Trump applique sa mesure de réduire le flux migratoire, et même d’expulser les migrants, les tensions sur le marché de l’emploi pourraient repartir de plus belle.
Résultat, les taux obligataires sont nettement repartis à la hausse avec un rendement du Treasury 30 ans qui vient flirter avec les 5%, niveau qui n’avait plus été vu depuis novembre 2023.
Conséquences, le dollar s’est de nouveau renforcé, avec par exemple un niveau de 1.0240 par rapport à l’euro, et les bourses sont passées dans le rouge, car elles n’aiment pas les hausses de taux.
Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances
Chaque jour, nous vous offrons un aperçu des titres les plus négociés chez Bolero sur Euronext. Idéal pour prendre la température du marché boursier et pour découvrir les actions ou les titres que les autres investisseurs s'arrachent !
Dans le top 10 aujourd'hui : UCB, Elia, KBC, D'Ieteren, Melexis, LVMH, AB InBev, WDP, Umicore, Onward Medical.
Publication : le 10 janvier 2025 à 9h22
La présente communication n’a pas été établie conformément aux dispositions relatives à la promotion de la recherche indépendante en investissement et n’est pas soumise à l’interdiction de négoce avant la diffusion de la recherche.
Les chiffres du chômage aux États-Unis vont-ils réussir à faire baisser la tension sur les taux obligataires ? Rien n’est moins sûr, tout va dépendre des premières mesures de Trump et de l’attitude de la FED.
Chiffres du chômage
Il est certain que le marché du travail aux États-Unis a terminé l’année sur des bases solides, mais par contre la suite est très incertaine.
Selon les prévisions, les créations d’emploi devraient être de 160.000 en décembre, contre 227.000 en novembre, chiffre qui avait été gonflé par la fin de la grève chez Boeing et par la reprise du travail dans des régions affectées par des ouragans. Le taux de chômage est attendu stable à 4,2 %.
Les salaires horaires moyens devraient augmenter de 0,3 % après avoir progressé de 0,4 % en novembre, soit un taux annuel inchangé à 4 %.
Si les chiffres sont conformes aux prévisions, à priori ils ne devraient pas avoir beaucoup d’impact. Tout va dépendre de la suite, et la suite ce sont les mesures prises par Trump, qui pourraient, dans un premier temps, inciter les entreprises à la prudence. Mais c’est aussi l’attitude de la FED.
A ce propos, et après la publication des minutes de la dernière réunion, les dernières déclarations de certains membres de la FED montrent qu’ils sont prudents, et ne sont pas partisans d’une action rapide.
Ainsi, la présidente de la FED de Boston, Susan Collins, a déclaré « avec une économie qui se porte bien dans l’ensemble et une politique déjà plus proche d’une position plus neutre, je considère que la nature actuelle de l’incertitude appelle à une approche graduelle et patiente de la politique ».
Et d’ajouter « l’inflation a baissé de manière significative par rapport à son pic de 2022, et les données continuent d’indiquer une trajectoire graduelle, bien qu’inégale, vers l’objectif de 2 % de la FED ».
Mais elle a mis en garde « il est trop tôt pour dire comment les futurs changements de politique de la nouvelle administration et du Congrès pourraient influencer les trajectoires de l’inflation et de l’activité économique ».
Le président de la FED de Kansas City, Jeff Schmid, s’est montré plus ferme estimant que « nous sommes actuellement très proches de notre double mandat de stabilité des prix et de plein emploi » et, « avec une inflation proche de l’objectif et une croissance qui continue d’être dynamique, je pense que nous sommes proches du point où l’économie n’a besoin ni de restriction ni de soutien et que la politique devrait être neutre ».
Et d’ajouter « je suis favorable à un ajustement progressif de la politique monétaire à l’avenir et uniquement en réponse à un changement durable de la tonalité des données, la force de l’économie nous permet d’être patients ».
« Je suis optimiste quant à l’emploi et à la vigueur de l’économie, même si le marché de l’emploi s’est assoupli, il reste sain ».
Rachel Reeves sous pression
Même si le rendement de l’obligation britannique à 10 ans s’est stabilisé, la pression sur Rachel Reeves, la ministre des Finances, s’est accentuée.
Preuve d’une certaine fébrilité, Darren Jones, ministre du Trésor et adjoint de Reeves, a déclaré au Parlement que les marchés obligataires britanniques « continuaient à fonctionner de manière ordonnée », et d’ajouter « il n’est pas nécessaire d’intervenir d’urgence ».
Même si une grande partie de la hausse des taux est imputable à l’effet Trump, les interrogations sont nombreuses sur les besoins de financement de la Grande-Bretagne. Cette dernière doit émettre près de 300 milliards de livres d’obligations d’État au cours de l’année.
Se pose également la question de savoir si le budget concocté par Reeves permettra d’atteindre son objectif d’équilibre entre dépenses et recettes. La question étant de savoir si la hausse des coûts des emprunts d’une part et la stagnation de l’économie depuis juillet d’autre part, ne remettent pas en cause cet équilibre fragile.
Elle pourrait devoir revoir à la hausse les réductions des dépenses, ce qui pourrait évidemment peser encore un peu plus sur la croissance.
Freiner la chute du yuan
Est-ce pour défendre la chute de sa monnaie, probablement, que la Banque centrale chinoise a annoncé, ce matin, qu’elle suspendait ses achats d’obligations, ce qui a provoqué une hausse des rendements.
Comme les rendements obligataires sont globalement orientés à la hausse, mais que dans le même temps les rendements en Chine continuaient de reculer, l’écart de rendement n’a fait que s’élargir (voir le graphique de l’écart avec le Treasury 10 ans), ce qui a accentué la pression à la baisse sur le yuan.
En agissant de la sorte, elle siffle la fin de la récréation en rappelant qu’elle ne voulait pas voir le yuan s’affaiblir davantage.
Sauf que cette annonce intervient seulement quelques mois après que la Banque centrale ait annoncé qu’elle allait acheter des obligations pour améliorer la gestion des liquidités.
Cette chute des rendements obligataires en Chine est évidemment le signal que les investisseurs se sont réfugiés dans les obligations, délaissant la bourse compte tenu des incertitudes économiques qui perdurent. Mais en mettant un coup d’arrêt à ses achats, la Banque centrale met en doute le scénario d’une poursuite de la baisse des taux directeurs qu’elle avait elle-même évoqué.
Record des faillites
Le dernier trimestre 2024 aura été marqué par des records de faillites depuis 2009, aussi bien en France qu’en Allemagne.
En France, selon l’observatoire de la BPCE, le quatrième trimestre a été marqué par 17 966 faillites, soit un total de 66 422 pour l’ensemble de l’année en hausse de 28 % par rapport à 2019 et de 17 % par rapport à 2023.
Cet observatoire constate que « la dégradation observée en 2023 et 2024 par rapport à 2019 met en évidence 6 secteurs dont l’exposition s’est nettement accrue : la construction et le commerce mais aussi l’immobilier, l’hébergement-restauration, les services aux entreprises et les services aux ménages ».
En Allemagne, selon l’Institut Halle pour la recherche économique, le quatrième trimestre a été marqué par 4 215 faillites et sur un an, elles ont augmenté de 36 %.
Pour expliquer cet état de fait, il y a d’une part le fait que « des années de taux d’intérêts extrêmement bas ont permis de limiter les défaillances d’entreprises, tandis que les subventions accordées durant la pandémie ont évité un rebond des défaillances » constate l’Institut. Mais depuis 2022, la hausse des taux d’intérêts et la fin des programmes de soutien au secteur privé ont mené à des effets de rattrapage.
Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances