lun. 5 févr. 2024
Qu’entend-on par « effet janvier » en bourse ?
En fin d’année boursière, les spécialistes évoquent parfois le « Rallye du Père Noël », soit une tendance saisonnière pendant laquelle les actions seraient la plupart du temps en hausse durant le mois de décembre. Cela a encore été le cas durant le dernier mois de 2023, au cours duquel l’indice MSCI World a progressé de près de 5 %. Mais un autre phénomène saisonnier fait encore davantage les titres de la presse financière : « l'effet janvier ».
Cet effet a été évoqué pour la 1ère fois en 1942, lorsque le banquier d'affaires Sidney B. Wachtel a constaté en étudiant les mouvements saisonniers boursiers que, depuis 1925, le cours des petites actions américaines (ou « small caps ») avait augmenté plus en janvier que durant tout autre mois. Cette théorie a été publiée dans un article du Journal of Business de l’Université de Chicago intitulé : « Certain observations on seasonal movements in stock prices ». Par extension, progressivement, « l’effet janvier » a ensuite été élargi à toutes les actions et tous les marchés boursiers.
À noter qu’outre les 2 tendances saisonnières évoquées ci-dessus, il existe d'autres phénomènes mensuels qui seraient observés sur les marchés boursiers. Par exemple, la stratégie « Sell in May and go away! » (« Vendez en mai et partez ») est basée sur la sous-performance historique supposée des actions au cours de la période de mai à octobre, après le paiement des dividendes et pendant les vacances d’été. « L’effet octobre » est également encore cité par certains investisseurs qui craignent une baisse des marchés ce mois-là, suite aux krachs historiques de 1929, 1987 et 2008.
Statistiquement que peut-on dire de « l’effet janvier » ?
Selon un article du Wall Street Journal compilant des statistiques remontant jusque 1928, l’indice S&P 500 a progressé de 60 % du temps en janvier, avec un gain moyen de 1,2 %. L’indice Nasdaq Composite (plus technologique) est encore plus impressionnant en janvier depuis sa création avec un gain moyen de 2,5 %. Et l’effet janvier a permis l’émergence du « baromètre de janvier », une théorie prédisant une année haussière en bourse si janvier l’a été initialement. Ainsi un « rallye » en janvier est généralement de bon augure pour le reste de l'année, le S&P 500 affichant en moyenne un gain de 9,2 % sur l'ensemble de l'année. En comparaison, les années où il n’y a pas d’effet janvier, l’indice S&P a affiché en moyenne un rendement d'un peu plus de 2 % seulement...
Une autre étude parmi d’autres et réalisée par le gestionnaire mondial Fidelity, prenant comme référence l’indice britannique Footsie 100 depuis sa création il y a 40 ans, montre que sur les 22 fois ou l’indice a augmenté en janvier, il a produit un rendement positif sur le reste de l’année à 16 reprises, soit un « taux de réussite » de près de 73 %.
Quelles raisons expliquent cet engouement pour les actions en janvier ?
De nombreuses théories ou explications ont été avancées pour expliquer l’« effet janvier », telles que :
Janvier 2024 a été positif pour les principales bourses, ce serait donc de bon augure pour le reste de l’année !
Comme on le voit sur le tableau ci-dessous, le mois de janvier 2024 aura été globalement positif… à une exception notoire près. La Chine poursuit en effet une glissade qui semble inexorable depuis plus de 3 ans, pour des raisons économiques, d’extrême régulation des autorités locales et de dérive du secteur immobilier chinois. Par contre, le Japon continue sur sa très belle lancée de 2023. Quant à la performance des marchés boursiers occidentaux, si les États-Unis confirment leur excellente forme constatée l’année passée, la différence (en euros) par rapport à l’Europe est limitée. La faute à des résultats récents, jugés simplement en ligne ou décevants, de certaines actions faisant partie des « 7 magnifiques » (Magnificent 7). Ces actions technologiques ont un poids important dans les indices, la stagnation ou la baisse de leur cours influence donc fortement Wall Street…
Bémol toutefois…
Comme on le voit ci-dessous, l’effet janvier a montré une tendance prononcée dans le passé, mais ces dernières années, il a généré des rendements moins importants. Ainsi, entre 1963 et 1993, janvier a été, pour l’indice américain S&P 500, le mois le plus performant en termes de rendements. Les actions ont augmenté en moyenne de 1,85 % durant ce 1er mois de l’année, bien au-dessus de décembre, 2ème meilleur mois, où elles étaient en hausse moyenne de 1,55 %. Mais au cours des 30 années suivantes (1993-2023), la hausse moyenne en janvier n’a été que de 0,28 %, loin des meilleurs mois (avril et novembre) qui affichaient, eux, des gains moyens de près de 2 %...
Comment expliquer cela ? Durant les années 2000, les marchés boursiers ont subi 2 reculs d’importance dus, d’une part, à l’éclatement de la bulle technologique fin des années ’90, et d’autre part, suite à la crise financière de 2008. Et les dernières années, est-il utile de rappeler les chocs boursiers résultant du début de la pandémie et ensuite de la guerre en Ukraine ? Mais outre une volatilité plus marquée durant ces dernières décennies, on remarque aussi qu’il y a de moins en moins de « saisons » en bourse.
La mondialisation des transactions et l’interconnectivité des marchés financiers font que les marchés boursiers sont littéralement ouverts 24h sur 24 et presque tous les jours, l’intensité des transactions est donc à peu près la même tous les mois. Avec toutefois, hors événements exceptionnels, certains pics d’activité tels que la publication des résultats trimestriels des sociétés et en particulier de celles qui dorénavant « font » la bourse, comme les actions des géants technologiques américains évoquées ci-dessus.
Quoi qu’il en soit, et en rappelant la célèbre formule que « les rendements du passé n’offrent aucune garantie pour l’avenir », le bon départ des marchés boursiers constatés cette année permet – selon le « baromètre de janvier » - d’entrevoir le reste de l’année avec un certain optimisme !
Source : Michel Ernst, Stratégiste Actions Senior - CBC Banque Privée
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Publication : le 5 février 2024 à 9h15
La présente communication n’a pas été établie conformément aux dispositions relatives à la promotion de la recherche indépendante en investissement et n’est pas soumise à l’interdiction de négoce avant la diffusion de la recherche.
L’insolente fermeté du marché du travail aux États-Unis a fait bondir le dollar, les rendements obligataires et a même contenté la bourse américaine avec un record pour le S&P 500.
Vigueur du marché de l’emploi
Non seulement les créations d’emploi ont été plus élevées que prévu, mais en plus les salaires ont connu leur plus forte hausse depuis près de deux ans, ce qui a encore un peu plus éloigné la perspective d’une baisse des taux.
Dans le détail, cela donne un taux de chômage stable à 3,7 %, soit en-dessous des 4 % pour la deuxième année consécutive, ce qui est la plus longue période de ce type depuis plus de 50 ans.
Les créations d’emploi ont été de 353 000 contre 180 000 attendues, et le chiffre du mois de décembre a été fortement revu à la hausse à 333 000 contre 216 000.
Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,6 % en janvier, soit la plus forte hausse depuis mars 2022, après avoir progressé de 0,4 % en décembre. Sur un an, les salaires ont augmenté de 4,5 % après avoir progressé de 4,3 % en décembre.
La probabilité d’une baisse des taux en mai s’est sensiblement réduite après ces chiffres, le dollar et les rendements obligataires sont de leur côté repartis à la hausse.
Car avec un marché de l’emploi aussi solide, la FED peut prendre son temps, comme l’a d’ailleurs rappelé Powell lors d’une émission diffusée dimanche soir. « La prudence veut que l’on donne du temps au temps et que l’on s’assure que les données confirment que l’inflation descend à 2 % de manière durable. Nous voulons aborder cette question avec prudence, la force actuelle de l’économie réduisant le risque de récession alors que les décideurs politiques attendent les dernières données qui les convaincront de procéder à des réductions de taux ».
Powell a évoqué le fait que cette situation était « historiquement inhabituelle » en évoquant l’état de l’économie américaine, estimant que « nous pensons que l’économie se porte bien. Nous pensons que l’inflation diminue. Nous voulons juste gagner un peu plus de confiance dans le fait qu’elle diminue de manière durable pour atteindre notre objectif de 2 % ».
Un scénario idéal qui explique pourquoi la remontée des taux obligataires n’est pas venue plomber la bourse, qui profite aussi d’un marché de l’emploi solide car cela va soutenir la consommation.
Tout comme la fermeté du dollar, qui a fait reculer le yen, ce qui permet au Nikkei de terminer encore une fois en hausse.
Économie à la peine
Comparaison n’est pas raison, certes, mais le contraste avec les interrogations sur l’état de l’économie chinoise est quand même saisissant.
L’indice PMI des services a très légèrement reculé à 52.7 contre 52.9, alors que les nouvelles commandes ont chuté en passant de 53.7 à 51.5 en janvier.
Les derniers indices montrent que l’économie chinoise peine à retrouver son élan, confrontée à de multiples défis, notamment des pressions déflationnistes persistantes, un ralentissement prolongé de l’activité immobilière et un endettement croissant des collectivités locales.
Et preuve de ces pressions déflationnistes, le sous-indice des prix a baissé pour la première fois depuis avril 2022.
Il faut dire que les prix à la production ont chuté pendant 15 mois consécutifs, réduisant les marges bénéficiaires à un point tel que la production industrielle et les emplois sont désormais menacés, ce qui ne fait qu’aggraver les difficultés économiques de la Chine.
Car les entreprises réduisent les prix des produits, puis les salaires du personnel, ce qui signifie que les consommateurs ne vont plus acheter, ce qui entraine un cercle vicieux.
Et le fait que la Banque centrale libère des liquidités, avec la réduction du taux des réserves obligatoires qui prend effet à partir de ce lundi, ne suffit pas. En effet, les petites entreprises ne sont pas disposées à contracter des prêts pour financer de nouvelles activités, étant donné qu’elles voient leurs bénéfices se réduire étant obligées de réduire leurs prix.
Les mesures actuelles soutiennent l’offre, alors que l’effort devrait porter sur la demande, et cette demande est plombée aussi par la déliquescence du marché immobilier.
Voilà qui va soutenir le Nikkei
J’évoquais la faiblesse du yen comme facteur de soutien du Nikkei, et il ressort que cette même faiblesse du yen a permis à l’activité des services au Japon de progresser en janvier au rythme le plus élevé depuis septembre.
Sans doute parce que ce secteur a pratiqué la devise de Jigoro Kano, inventeur du judo, qui déclarait qu’« une technique supérieure surpasse la force », façon de dire que la faiblesse peut devenir une force.
L’indice PMI des services est ainsi passé de 51.5 en décembre à 53.1 en janvier, ce qui permet à l’indice composite de passer de 50 à 51.5.
Cette hausse a été soutenue par une croissance des nouvelles affaires, qui a atteint son plus haut niveau en quatre mois, et par une augmentation du tourisme, en particulier dans le domaine du transport aérien.
Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances