jeu. 14 sept. 2023
Chaque jour, nous vous offrons un aperçu des titres les plus négociés chez Bolero sur Euronext. Idéal pour prendre la température du marché boursier et pour découvrir les actions ou les titres que les autres investisseurs s'arrachent !
Dans le top 10 aujourd'hui : Ageas, KBC Groep, Mithra, Just Eat Takeaway, KBC Ancora, Prosus, Sofina, UCB, Groep Bruss Lambert et Argen-x.
"Quel été pourri on a eu, hein?" Après les vacances, vous n’échapperez probablement pas à ce genre de commentaires à la machine à café. À la fin du mois de juillet, le temps a changé et les marchés d’actions sont partis à la baisse, à l’image des températures. Retour à la case départ? Ne dit-on pas "Vendre en mai et s’en aller..."? Ou l'éternel investisseur optimiste a-t-il laissé passer une embellie? Il semble que tout le mois d'août ait été suspendu aux lèvres du symposium des banquiers centraux à Jackson Hole. Personne ne pouvait prédire ce que Powell et Lagarde y décideraient.
Il est vrai que le mois d'août a mal commencé. Ce fut particulièrement le cas aux États-Unis. En effet, l'agence de notation Fitch a abaissé la note du gouvernement américain de AAA à AA+, mettant ainsi le feu aux poudres. À Hollywood, ce sont les scénaristes et les acteurs en grève qui ont mis la pression sur les studios de cinéma et les plateformes de streaming. Et le mot à la mode pour les mois à venir, "sticky inflation", n'avait pas encore pointé le bout de son nez. Les chiffres d'inflation aux États-Unis ont semblé baisser d'un mois à l'autre, mais ils sont néanmoins restés très élevés. Nous y voilà... ’Sticky inflation’... Une inflation collante. Il restait donc à attendre de voir ce que les banquiers centraux feraient de ces chiffres à Jackson Hole. Et en attendant, retenir son souffle à chaque publication de chiffres économiques.
La situation n'était guère plus enviable en Europe. Ici aussi, l'inflation s'avère persistante et la BCE a également annoncé le mois dernier qu'elle agirait en fonction des données disponibles. Tous les regards étaient à nouveau tournés sur Jackson Hole. Et puis le premier ministre italien, Giorgia Meloni, a encore plombé les marchés en annonçant une taxe sur les surprofits des banques. Un nouveau coup dur pour ce secteur déjà en difficulté cette année. Le gouvernement italien a par la suite apporté des précisions: il s'agirait d'une taxe sur les surprofits limitée à une partie des bénéfices réalisés par les banques. Mais le mal était déjà fait. Le fameux risque de contamination... En espérant que vous n'aviez pas encore rangé les masques.
Reste, bien sûr, à tourner notre regard vers l'Est. L'économie chinoise semble trop profondément enfoncée dans le marasme pour s'en sortir seule. Si nous disposons en Belgique d’un acteur mondial dans le domaine du dragage, en Chine, c'est la direction du parti qui se lance dans cette pratique. Et c'est bien nécessaire. Non seulement l'économie locale s’essouffle, mais les problèmes du secteur immobilier ont également refait surface. Après Evergrande il y a quelques années, c'est désormais au tour de Country Garden. Le groupe immobilier a plongé dans le rouge au premier semestre et est confronté à des problèmes de liquidités. La Chine, dont la croissance a reposé pendant des années sur l'immobilier, a manifestement besoin de se trouver un nouveau moteur. Heureusement, les Chinois sont en nombre suffisant pour remplir cette mission difficile.
Les câbles de démarrage ressortis
Les autorités chinoises semblent confiantes dans leur capacité à relancer l'activité économique. Tout d'abord, le taux de prêt à un an a été réduit de 10 points de base pour tenter de relancer l’octroi de crédits. La taxe boursière a ensuite été réduite de 0,10% à 0,05%. Cette réduction devrait inciter l'immense armée de petits investisseurs chinois à se tourner à nouveau vers le marché boursier. Une recette qui s’est révélée gagnante il y a quelques années, mais qui était alors assortie d'un plan de relance exceptionnel. Attendons donc de voir si une légère réduction du droit de timbre saura convaincre les investisseurs chinois. D'autant plus que les fondamentaux de l'économie chinoise sont fragiles. Mais une direction de parti qui opte clairement pour la fuite en avant est une bonne nouvelle, car cela laisse entrevoir d’autres mesures. Les premières semblent déjà être accueillies favorablement par les marchés.
Jackson Hole
La grand-messe annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole a fait l’objet d’une grande attention. Le discours du président de la Fed, Jerome Powell, était considéré comme indicatif et censé trancher entre d'éventuelles nouvelles hausses des taux d'intérêt ou leur interruption. Sur ce plan, nous sommes restés sur notre faim. Powell s’est montré particulièrement modéré dans son discours, laissant supposer aux marchés l’imminence d’une courte pause. Et si des relèvements de taux sont prévus, ils ne seront très probablement pas comparables à ceux que nous avons connus au début du cycle. Dans l'ensemble, il s'agit donc d'une bonne nouvelle et une raison pour les marchés d’actions de se redresser. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, n'a pas réservé de surprises non plus. Le mot d'ordre consiste à poursuivre sur la même voie en fonction des données. Cette "inflation collante" ne se résoudra pas d'elle-même. Malgré le ton sévère prêché à l'unisson par les banquiers centraux (la lutte contre l'inflation est loin d'être terminée), les investisseurs boursiers optimistes semblent l'ignorer, ce qui a permis aux marchés de se redresser.
Résultats trimestriels
Et puis il y a eu les résultats d'entreprises du deuxième trimestre, que nous avons suivis de près. Lorsque l’on frôle la récession, ces résultats font toujours l’objet d’une grande attention. Il n'y a en effet pas de marge d’erreur, d’autant que les analystes ont placé la barre déjà très bas. Et comme toujours, les bourses ont quelque peu anticipé les chiffres. Les entreprises qui ont réussi à franchir la barre basse et à confirmer leurs attentes pour l'ensemble de l'exercice financier ont été maigrement récompensées. Les moins bons élèves ont, quant à eux, été sanctionnés plus lourdement que la moyenne. Aux États-Unis en particulier, les entreprises ont réussi à battre les prévisions des analystes. Les entreprises européennes ont également tiré leur épingle du jeu, mais le positivisme y était moins largement partagé. La consommation discrétionnaire, en particulier, a excellé, tandis que les noms généralement plus défensifs dans le domaine des soins de santé, sont restés à la traîne. Les prévisions pour le troisième trimestre ont été en moyenne revues à la hausse. Attendons de voir pour le croire?
Marchés à revenu fixe
La volatilité l'emporte sur les marchés obligataires
Les marchés obligataires ont joué au yoyo en août. La volatilité est très élevée maintenant que les banques centrales de la plupart des pays ont opéré un revirement. Au cours des 18 derniers mois, les taux d'intérêt mondiaux ont été relevés à un rythme record pour atteindre le niveau le plus élevé des 10 dernières années. L'objectif était bien sûr de réduire l’inflation galopante. Le pic d'inflation étant clairement derrière nous, les banques centrales ont gagné le temps nécessaire pour analyser l'ensemble de la situation macroéconomique. Celle-ci montre qu'en raison des relèvements de taux agressifs, l'activité économique ralentit sérieusement. Par conséquent, les autorités monétaires doutent de la nécessité d'un durcissement de la politique. Les banques centrales européenne et américaine ont toutes deux indiqué qu'un (dernier) relèvement n’était pas à exclure, mais que la décision dépendrait des données. Ce n'est que si l'inflation reste résolument élevée et que l'économie continue à croître (trop) vigoureusement qu'un nouveau relèvement de taux sera envisagé.
Actuellement, le marché anticipe toujours une hausse des taux d'intérêt dans la zone euro et aucune aux États-Unis.
Certains pays, notamment le Brésil, le Chili et la Hongrie, se sont déjà engagés sur la voie de la baisse des taux en raison du ralentissement perceptible de la croissance.
Malgré une forte volatilité, les taux absolus des obligations d'État sont restés pratiquement inchangés le mois dernier, tant dans la zone euro que dans la zone dollar.
Sur les marchés du crédit, le mois d'août a été plutôt calme. Les craintes légèrement accrues d'un nouveau ralentissement économique ont entraîné un faible élargissement des spreads des obligations d'entreprises. Il semble que les écarts de crédit aient atteint leur plancher. En cas de nouvelle décélération de l'économie, les détenteurs d'obligations à haut rendement seront particulièrement menacés.
Le dollar a connu un bon mois et s'est apprécié par rapport aux devises les plus négociées. Le dollar est maintenant coté à 1,09 par euro.
Source : Private Banking KBC
Tous les regards sont bien évidemment tournés vers la BCE, qui se réunit ce jeudi, pour savoir si elle va ou pas encore augmenter ses taux.
Résumé de la situation
D’après les informations, comme évoqué hier, la BCE a revu à la hausse ses prévisions d’inflation pour 2024, et à la baisse celles concernant la croissance dans le cadre de cette réunion.
Les éléments qui plaident pour une hausse, une dernière hausse de taux sans doute, sont justement cette révision à la hausse de l’inflation, la fermeté du prix du baril, le fait que l’économie recule mais n’est pas en récession dans la zone euro, et la peur de ne pas se montrer assez ferme.
Les éléments qui plaident pour un statut quo, sont la révision à la baisse des prévisions de croissance, le net ralentissement économique et la perspective d’une récession en Allemagne, et la peur de faire le pas de trop.
Personnellement, je table sur la dernière hausse de 0.25% lors de cette réunion, avec cependant un message toujours ferme qui laissera entendre que la BCE ne relâchera pas les taux rapidement.
Pas de hausse
En revanche, pas de hausse de taux la semaine prochaine pour la FED, même si l’inflation globale est repartie à la hausse.
En effet, l’inflation globale a augmenté de 0.6% d’un mois à l’autre, soit la plus forte hausse mensuelle depuis juin 2022, soit un taux annuel qui est passé de 3.2% à 3.7%. Mais cette hausse n’est pas une réelle surprise puisqu’elle est liée essentiellement à la remontée du prix de l’essence.
Par contre, l’inflation sous-jacente, a augmenté de 0.3% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui est passé de 4.7% en juillet à 4.3% en août, ce qui est le niveau le plus bas depuis septembre 2021.
Ces chiffres n’ont pas entrainé beaucoup de réactions sur les marchés parce qu’ils étaient largement anticipés, et parce qu’ils confortent le scénario d’un statu quo.
Mauvaise surprise
En Grande-Bretagne, avec un recul inattendu du PIB de 0.5% en juillet par rapport à juin, après une hausse de 0.5% en juin.
Ce chiffre vient évidemment compliquer la tâche de la BOE, qui est confrontée à une inflation qui demeure élevée et des tensions sur les salaires.
Si elle est en plus confrontée à un net ralentissement de l’économie, elle se devra de manier avec prudence l’arme des taux.
Cependant, ce recul du PIB est lié à des facteurs temporaires qui ne devraient pas perdurer, à savoir que c’est le secteur de la santé qui a été le principal responsable de cette baisse en raison de l’intensification des actions syndicales menées par les médecins, qui ont entraîné l’annulation de près de 200.000 rendez-vous. Et deuxième facteur temporaire, le temps inhabituellement pluvieux du mois de juillet qui a nui à la production des détaillants et au secteur de la construction.
Mais les indices PMI ont quand même montré, comme en zone euro, une nette dégradation de la situation, ce qui augure d’un ralentissement marqué de l’économie.
Pressions sur la devise
Même si le yuan s’est légèrement redressé par rapport au dollar, les autorités craignent manifestement de nouvelles pressions à la baisse puisqu’elles ont demandé à certains des plus grands prêteurs du pays de ne pas compenser immédiatement leurs positions de change sur le marché et de maintenir des positions ouvertes pendant un certain temps.
Cette décision, non confirmée officiellement, intervient alors que Moody’s vient d’annoncer qu’il avait baissé la perspective du secteur immobilier chinois de stable à négative, estimant que les défis de la croissance économique freineront les ventes malgré le soutien du gouvernement.
Pour revenir à la demande de la Banque centrale, cette mesure signifierait en fait qu’une partie des achats massifs de dollars effectués par les entreprises serait absorbée par les banques et resterait dans leurs livres pendant un certain temps, ce qui réduirait partiellement la pression à la baisse exercée sur le yuan.
En plus, la Banque centrale a annoncé que les entreprises qui souhaitent acheter pour 50 millions de dollars ou plus devront demander son approbation.
Source : Bernard Keppenne - Chief Economist CBC Banque & Assurance