mar. 25 nov. 2025
Le blog de Bernard Keppenne : « L’Allemagne vacille, l’Europe sous pression américaine »

L’espoir était pourtant bien présent ces derniers temps, mais l’indice IFO en Allemagne est venu doucher cet espoir, et intervient après la publication de l’indice PMI qui avait déjà montré un coup d’arrêt.
Espoir douché
Clemens Fuest, président de l’IFO n’a pas mâché ses mots après la publication de cet indice, « les entreprises ne croient guère à une reprise prochaine ».
Même si le recul est limité, l’indice passant de 88,4 à 88,1, il reflète un manque de confiance indéniable dans une reprise de l’économie allemande.

Ce recul marque aussi une certaine déception par rapport au nouveau gouvernement dont les promesses économiques tardent à être mises en place, ce qui fait craindre une paralysie dans les réformes.
Il faudra véritablement un changement de cap important et des effets concrets pour que l’économie allemande se redresse en 2026, mais 2025 va se terminer dans la morosité.
Et la faiblesse de l’Allemagne est aussi celle de l’Europe, dans beaucoup de domaines malheureusement, mais également dans ses relations avec les Etats-Unis.
Alors que les relations avec la Chine se montrent plus positives, l’Europe se voit encore mise sous pression par les Etats-Unis dans le cadre des négociations commerciales. Cette situation montre une nouvelle fois que Trump craint les plus forts, et enfonce les plus faibles.
Dans le cadre de l’accord commercial conclu entre les Etats-Unis et l’Europe, il était prévu une réduction des droits de douane sur l’acier européen et la suppression de ces derniers sur le vin et les spiritueux.
Sauf que maintenant les États-Unis ont exigé que l’UE révise sa réglementation du secteur technologique en échange d’une réduction de ces droits de douane.
Il faut dire que non seulement les États-Unis imposent des droits de douane de 50% sur l’acier, mais que depuis la mi-août, ils les appliquent au contenu métallique de 407 produits “dérivés”, tels que les motocyclettes et les réfrigérateurs.
Et pendant ce temps, suite à un appel avec son homologue chinois Xi Jinping, Trump a qualifié les relations avec la Chine d'”extrêmement solides”.
De 42% à 81%
C’est l’évolution de la probabilité d’une baisse des taux de la part de la FED la semaine prochaine, d’une semaine à l’autre.
Cette probabilité a encore progressé après des propos du gouverneur de la FED, Christopher Waller, qui constate que « la plupart des données du secteur privé et des données anecdotiques que nous avons obtenues indiquent que rien n’a vraiment changé. Le marché du travail est mou. Il continue de s’affaiblir ».
Ce qui justifie une baisse des taux en décembre, mais « le mois de janvier pourrait être un peu plus délicat, parce que nous allons avoir un flot de données qui seront publiées. Si elles sont cohérentes avec ce que nous avons vu, alors vous pouvez justifier le mois de janvier. Mais si elles montrent soudainement un rebond de l’inflation ou de l’emploi, ou si l’économie décolle, alors cela pourrait susciter des inquiétudes ».
Après les déclarations de John Williams, ces propos ont renforcé le scénario d’une baisse des taux, d’autant plus que la présidente de la FED de San Francisco, Mary Daly, est aussi favorable à une réduction des taux. Car « en ce qui concerne le marché du travail, je ne suis pas aussi confiante que nous puissions le devancer ».
La BOJ devrait attendre
Avant d’encore augmenter ses taux, et malgré un yen sous pression qui accentue l’inflation importée.
Elle attend d’en savoir plus sur les perspectives salariales l’année prochaine pour voir si les entreprises touchées par les droits de douane américains continueront à augmenter leurs salaires.
Elle est dès lors très attentive aux premières annonces des syndicats. Ainsi, Rengo, la plus grande centrale syndicale du Japon, qui compte 7 millions de membres, souhaite une augmentation des salaires de 5 % ou plus en 2026.
Le principal syndicat des constructeurs automobiles n’a pas non plus l’intention de revoir à la baisse ses revendications salariales lors des négociations collectives de l’année prochaine, malgré la compression des bénéfices.
Même si les entreprises voient d’un très mauvais œil ces revendications dans un contexte de tension commerciale qui met leur marge sous pression, elles font face à un marché du travail extrêmement étroit, avec des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs.
Après une hausse des salaires de 5,52% pour l’année qui se terminera en mars 2026, beaucoup d’analystes tablent sur un chiffre qui devrait être supérieur à 5% pour la nouvelle année.
Les discussions devraient commencer dès le mois de décembre, mais les résultats ne devraient pas être connus avant le mois de mars.
Ce qui veut dire qu’une hausse des taux en décembre est totalement exclue, ce qui explique la pression sur le yen, ce qui a provoqué des rumeurs sur des interventions possibles des autorités pour calmer le jeu.


Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances






