Le Blog de Bolero
lun. 5 jun 2023
Qu’attendre du marché de l’acier, baromètre de l’économie mondiale ?

Qu'attendre du marché de l'acier ?

Rappelons d’abord que l'acier – 2ème marchandise échangée dans le monde après le pétrole - est un alliage métallique essentiellement composé de fer et d’un petit peu de carbone. À ces 2 composants peuvent être ajouté d’autres matériaux comme le nickel, le chrome, le manganèse, le cobalt, le tungstène ou le molybdène pour modifier les propriétés de l'alliage. Il existe ainsi, à ce jour, plus de 3 500 types d'acier dans le monde, avec des caractéristiques techniques différentes, mais regroupés en 4 grandes catégories : l’acier au carbone, l’acier allié, l’acier pour outils et l’acier inoxydable.
Environ 75 % des aciers modernes ont été développés au cours des 20 dernières années. Si la Tour Eiffel devait être reconstruite aujourd'hui, les ingénieurs n'auraient besoin que d'un tiers de l'acier utilisé à l'origine ! Quant aux voitures modernes, elles sont construites avec de nouveaux aciers qui sont plus résistants mais jusqu'à 35 % plus légers que par le passé…
Le mécanisme offre/demande présente une particularité dans la sidérurgie, en raison d'une capacité de production qui dépasse largement la demande mondiale, ce qui se traduit par d'importants excédents qui mettent la pression sur la rentabilité des aciéristes. Ainsi, selon l’OCDE, la capacité de production d'acier a augmenté en 2022, pour la 4ème année consécutive, tandis que l'utilisation a un peu diminué. Concrètement, la capacité mondiale de production d'acier a augmenté à environ 2 461 millions de tonnes métriques en 2022, tandis que l'utilisation des capacités a diminué de 78,5 % en 2021 à 77,1 % en 2022. Et ces deux constats - le bas taux d'utilisation des capacités et le décalage entre la demande et la production - expliquent la concurrence très forte qui caractérise le marché de l'acier.
Cette industrie est souvent considérée comme un baromètre des métaux, du fait, de son utilisation dans plusieurs activités industrielles, mais, comme on le voit sur le graphique suivant, c’est le secteur de la construction et des infrastructures qui absorbe, de loin, les plus grandes quantités, soit 52 % de l’acier produit. 3 autres secteurs, les équipements mécaniques, l’automobile et les produits métalliques comptent pour un peu moins de 40 %.

La production d'acier est donc particulièrement sensible aux variations de l'activité économique. Toutefois, entre 1950 et 2021, la production mondiale d'acier a augmenté d'environ 3,4 % par an tous les 5 ans. Seule la période de 1990 à 1995 a marqué un léger déclin (-0,5 %), pour retrouver entre 2000 et 2005 un taux de croissance sur la période de 6,2 %/an, un chiffre jamais atteint depuis la période d'après-guerre ! Ainsi, malgré des fluctuations cycliques, la dynamique de long-terme de la production sidérurgique mondiale est celle d'une croissance modérée. D’ailleurs, comme le montre le graphique suivant, la production d’acier brut a plus que décuplé entre 1950 et 2021, passant de 189 millions de tonnes à 1 951 millions de tonnes par an.

Géographiquement, l'industrie sidérurgique a, au fil du temps, inéluctablement basculé d'Europe vers l'Asie et particulièrement vers la Chine, qui a produit, en 2021, près de 53 % de l’acier fabriqué dans le monde! (voir graphe suivant). Plusieurs raisons expliquent ce changement complet: une main d'œuvre meilleure marché, un plus faible coût de l'énergie, des normes environnementales moins contraignantes (même si ça a progressivement changé) et de fortes subventions étatiques. Par ailleurs, la plus grosse partie de l’acier chinois est utilisée dans le pays, en particulier pour soutenir la forte croissance du secteur du BTP et le développement des infrastructures (ponts, etc.)
Il est interpellant par ailleurs de noter qu’en plus de la Chine, si on ajoute les autres pays de la région (Inde, Japon, etc.), l’Asie représente 72 % de l’acier produit en 2021, selon les chiffres de la World Steel Association. Comparativement l’Europe ne compte plus que pour 10,5 % de la production d’acier et le trio USA-Mexique-Canada seulement 6 %...

Dans le paysage commercial de l'après COVID-19, le marché mondial de l'acier a été estimé à 1,8 milliard de tonnes métriques en 2022 et devrait atteindre une taille de 2,3 milliards de tonnes métriques d'ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 3 % sur la période 2022-2030. La construction devrait enregistrer un TCAC de 2,6 % et atteindre 1 milliard de tonnes métriques en 2030.
La Chine, deuxième économie mondiale, devrait atteindre une taille de marché de 1,2 milliard de tonnes métriques d'ici 2030, avec un TCAC de 3,2 % entre 2022 et 2030, soit une croissance légèrement supérieure à celle du marché en général.
A noter qu’un des grands défis actuels et futurs de l’industrie sidérurgique sera la gestion de ses coûts énergétiques (le secteur en est très gourmand) conjointement au rejet important de CO₂ par les hauts fourneaux… Au total, la production d'acier et de fer dans le monde est responsable d'environ 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus du triple de l'aviation, ce qui fait de la sidérurgie un secteur clé de la transition vers un monde sans carbone.
Le secteur est donc très concerné pour utiliser une énergie plus verte avec la volonté de lutter contre le changement climatique…
Source ; Michel Ernst, Stratégiste Actions Senior - CBC Banque Privée
Les titres les plus négociés sur Bolero
Chaque jour, nous vous offrons un aperçu des titres les plus négociés chez Bolero sur Euronext. Idéal pour prendre la température du marché boursier et pour découvrir les actions ou les titres que les autres investisseurs s'arrachent !
Dans le top 10 aujourd'hui : GIMV, KBC Groep, KBC Ancora, Anheuser-Busch Inbev, D'Ieteren Group, Melexis, Groep Bruss. Lambert, Ageas, VGP et Aedifica.

Actualités des entreprises du Benelux

- Home Invest reçoit des conseils inférieurs de KBC Securities
- Herman Van der Loos Investor Relations Manager chez Montea
- Recticel poursuit son objectif de zéro émission
Actualités des entreprises américaines

- Amazon.com souhaite offrir des services téléphoniques aux membres Prime.
- Pixar supprime 75 emplois.
- Dupont de Nemours a conclu un accord d'une valeur de 1,19 milliard de dollars dans le dossier PFAS
- La filiale d'Illumina a envoyé des résultats de diagnostic de cancer erronés
- Des résultats décevants font chuter SentinelOne
Actualités des entreprises européennes

- Viaplay nomme un nouveau PDG et ajuste ses prévisions de croissance.
- Airbus proche d'un contrat record pour 500 appareils chez Indigo
- Tagrisso d'AstraZeneca réduit le risque de décès, selon les données des tests
- Goldman Sachs acquiert 72% du capital de Froy
- Novo Nordisk entre en pourparlers avec Bio Jag pour plus de 45% du capital
- Henkel procédera à de nouvelles acquisitions dans les secteurs des adhésifs et des biens de consommation
Actualités des entreprises asiatiques

- Qantas s'attend à une baisse des tarifs aériens
- Réaction des actionnaires de Toyota contre le président et le conseil d'administration
- Redox est évalué à un peu moins d'un milliard de dollars lors de son introduction en bourse
Le blog de Bernard Keppenne "L’Arabie Saoudite veut dicter son prix"

L’Arabie saoudite a décidé de réduire sa production de pétrole, en plus d’une décision de l’OPEP+ de limiter l’offre de pétrole, ce qui a bien évidemment fait remonter le prix du baril.
Annonces de l’OPEP+
Même si dans les faits cela ne change rien, car les niveaux actuels de production sont en deçà des niveaux fixés précédemment, l’OPEP+ a quand même annoncé une réduction de 1.4 million de barils par jour à compter de 2024.
Mais l’annonce la plus importante a été celle de l’Arabie Saoudite, qui va réduire de 1 million de barils par jour sa production pour la ramener à 9 millions en juillet.
Cette annonce de l’Arabie Saoudite est un signal envoyé aux spéculateurs qu’elle ne laissera pas le prix chuter sans réagir et qu’elle s’est fixée un prix plancher qu’elle entend défendre.
Conséquence, le prix du baril est reparti à la hausse, mais bien évidemment l’ampleur du ralentissement de l’économie mondiale pourrait limiter ce rebond.
Livre sous pression encore
La livre turque continue de s’affaiblir malgré la nomination de Mehmet Simsek comme ministre des Finances, nomination qui devait normalement rassurer les marchés.

Car Simsek a déjà été ministre des Finances dans le passé et sa nomination est considérée comme le signal d’un retour possible à une certaine orthodoxie économique et monétaire.
Certains tablent même sur une remontée des taux compte tenu du niveau d’inflation (publiée ce matin et qui est attendue à 39.20% contre 43.68% en avril), mais dans le doute, la pression sur la devise ne faiblit pas.
Essoufflement du marché de l’emploi
En tout cas, un premier signe que le marché de l’emploi se détend aux Etats-Unis, avec l’annonce d’une hausse du taux de chômage, qui est passé de 3.4% à 3.7%, soit son niveau le plus haut depuis 7 mois.

Mais pour autant, le ralentissement est modeste, car les créations d’emploi ont été largement supérieures aux prévisions avec 339.000 créations en mai.
Cette remontée du taux de chômage a été aussi accompagnée d’une hausse plus modérée des salaires. Ces derniers ont augmenté de 0.3 % après avoir progressé de 0.4 % en avril, soit un taux annuel à 4.3 %, après un taux de 4.4 % en avril.
La conjonction de ces deux indicateurs a renforcé le sentiment que la FED pourrait faire une pause lors de sa prochaine réunion, pour autant que le taux d’inflation continue de refluer.
Le secteur des services demeure solide
La publication des indices PMI des services dans la grande majorité des pays, ce lundi, viendra confirmer que ce sont bien les services qui tirent pour le moment la croissance.
Deux exemples. En Chine, cet indice est passé de 56.4 à 57.1, en contradiction avec l’indice officiel qui avait reculé, grâce à une hausse des nouvelles commandes.

Et au Japon, cet indice est passé de 55.4 à 55.9 en mai, grâce à un afflux de touristes étrangers avec la levée des contrôles stricts aux frontières liés à la pandémie et suite au faite que le gouvernement a reclassé le Covid-19 au même niveau que la grippe saisonnière.
Yuan sous pression
Le yuan est tombé à son plus bas niveau depuis six mois face au dollar et il pourrait encore s’affaiblir, compte tenu d’une reprise qui semble nettement plus faible que prévue.

Après avoir fortement rebondi à l’annonce de la fin de la politique zéro-Covid, il est aussi sous pression parce que la dollar s’est sensiblement renforcé contre toutes les devises.
Mais d’une certaine façon, ce recul du yuan est une bonne affaire pour la Chine, car il soutient les exportations dont l’économie chinoise a ardemment besoin compte tendu de la faiblesse de la demande intérieure.
La deuxième raison pour laquelle le yuan pourrait encore s’affaiblir est le fait que l’économie chinoise connait des pressions déflationnistes que cette baisse du yuan pourrait venir tempérer.
Mais une devise qui se déprécie n’incite pas les investisseurs à se positionner sur la devise alors que justement la Chine essaye d’attirer ces derniers pour soutenir la reprise.

Bernard Keppenne - Chief Economist CBC Banque & Assurance