lun. 24 nov. 2025
Le blog de Bernard Keppenne : « Les PMI doutent et la FED aussi »

Les mouvements de yo-yo concernant la probabilité d’une baisse des taux de la part de la FED la semaine prochaine sont impressionnants et surtout dans la façon dont cela impacte les bourses.
Probabilité en hausse
Alors que la probabilité d’une baisse des taux était tombée à 30 % vendredi matin, cette dernière est repassée à 57 % après des propos du responsable politique de la FED, John Williams, et candidat ouvertement déclaré à la succession de Powell.
Ce n’est pas la première fois qu’il s’exprime depuis la dernière réunion, et il ne se prive pas de le faire, étant assez isolé par rapport aux autres membres de la FED, il veut se démarquer, peut-être pour bien se faire voir.
Il a déclaré vendredi, « je considère que la politique monétaire est modérément restrictive... Par conséquent, je pense qu’il est encore possible d’ajuster à court terme la fourchette cible du taux des fonds fédéraux afin de rapprocher l’orientation de la politique de la fourchette neutre ».
Ses propos ont inversé la tendance et expliquent pourquoi le rendement du Treasury 2 ans a reculé. Malgré des propos de la présidente de la FED de Boston, Susan Collins, qui a estimé que la politique monétaire était au bon endroit compte tenu de la résistance de l’économie.

Et malgré aussi ceux de la présidente de la FED de Dallas, Lorie Logan, « en l’absence de preuves évidentes justifiant un nouvel assouplissement, le maintien des taux pendant un certain temps permettrait au FOMC de mieux évaluer le degré de restriction de la politique actuelle ».
Ce qui est surprenant c’est que cette hausse de la probabilité intervient alors que le Bureau américain des statistiques du travail a déclaré vendredi qu’il avait annulé la publication du rapport sur les prix à la consommation du mois d’octobre parce que la fermeture du gouvernement avait empêché la collecte de données. Ce qui signifie que les membres de la FED ne disposeront que d’une vue extrêmement partielle de l’état de l’économie américaine au moment de prendre leur décision.
Indices PMI en demi-teinte
L’indice PMI composite dans la zone euro s’est stabilisé grâce au secteur des services, alors que le secteur manufacturier est repassé dans la zone de contraction.

Ces indices résument bien la situation actuelle de la zone euro qui a réussi à se maintenir malgré les vents contraires, mais qui n’arrive cependant pas à accélérer son rythme de reprise.
La situation demeure fragile en Allemagne avec un indice PMI composite qui est passé de 53,9 en octobre à 52,1 en novembre, suite à un recul de l’indice PMI manufacturier à 48,4 en novembre contre 49,6 en octobre.
Ce recul s’explique par le fait que les nouvelles commandes ont fortement chuté, en particulier les ventes à l’exportation, qui ont connu leur plus forte baisse depuis janvier.
Et même s’il demeure dans la zone d’expansion, l’indice PMI des services a sensiblement marqué le pas en passant de 54,6 à 52,7.
L’un dans l’autre, cela signifie que l’activité en Allemagne se terminera sur une note très mitigée et que la reprise se fait décidément attendre.
En France, le secteur des services s’est repris en passant de 48 en octobre à 50,8 en novembre. En revanche, l’indice PMI manufacturier est tombé à 47,8, un plus bas depuis neuf mois, contre 48,8 en octobre.
Résultat, l’indice composite demeure en territoire négatif, même s’il s’est redressé en passant de 47,7 à 49,9.
En Grande-Bretagne, la croissance des entreprises s’est pratiquement arrêtée ce mois-ci, les sociétés ayant suspendu leurs projets en attendant de savoir si le budget du gouvernement augmentera la charge fiscale pour la deuxième année consécutive.

Ce qui explique pourquoi l’indice composite est passé de 52,2 en octobre à 50,5 en novembre.
Ce qui a fait dire à Chris Williamson, économiste d’entreprise en chef de S&P, « il y a un réel risque que cette pause se transforme en ralentissement … en grande partie lié à la spéculation sur l’introduction de nouvelles mesures de réduction de la demande dans le budget ».
Et c’est ce mercredi que Madame Reeves va présenter son nouveau budget qui a dû être adapté en raison d’une révision à la baisse de la croissance qui l’oblige à trouver entre 20 et 30 milliards de sterlings supplémentaires. Les entreprises craignent d’être de nouveau mises à contribution, ce qui explique la chute des indices de confiance.
Aux États-Unis, l’indice PMI manufacturier est tombé à 51,9 en novembre, contre 52,5 en octobre.
Ce recul s’explique selon Chris Williamson parce que « les fabricants ont fait état d’une combinaison inquiétante de ralentissement de la croissance des nouvelles commandes et d’une augmentation record des stocks de produits finis. Cette accumulation de stocks invendus laisse présager un ralentissement de l’expansion de la production industrielle dans les mois à venir, à moins que la demande ne reprenne, ce qui pourrait à son tour se traduire par un ralentissement de la croissance dans de nombreuses industries de services ».
L’indice PMI composite s’est maintenu à 54,6 contre 54,8 grâce au secteur des services qui est passé de 54,8 à 55. Autre recul, toujours aux États-Unis, celui de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan qui est passé de 53,6 à 51 en novembre, son niveau le plus bas depuis près de trois ans et demi.


Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances






